Comment le Belge épargne-t-il pour sa pension?
BinckBank a interrogé plus de 1.250 Belges sur leur comportement en matière de pensions et d’investissements. Découvrez les résultats
Le Belge n’anticipe guère
62% des Belges investissent dans une épargne pension. Une majorité de Belges mettent donc de l’argent de côté pour leur retraite via cette formule fiscalement avantageuse.
"L’épargne pension représente un montant relativement limité: au maximum 1.230 euros par an", souligne Koen Inghelbrecht, professeur de finance à l’Université de Gand. "Les Belges ont tort de croire qu’elle seule leur permettra de constituer une pension complémentaire suffisante."
"Nous ne pouvons éluder la complexité croissante des situations familiales."
La grande majorité de la population n’a pas établi de plan global pour préparer financièrement sa retraite. Le pourcentage de Belges qui a déjà fait établir un plan financier, avec un calcul du montant qu’ils doivent mettre de côté pour pouvoir vivre confortablement une fois à la retraite, ne dépasse pas les 13%.
La planification successorale constitue également un élément important d’une bonne préparation financière. Pourtant, peu de Belges semblent se préoccuper du futur partage de leur patrimoine. À peine 15% d’entre eux ont établi un testament. Même chez les plus de 65 ans, ce pourcentage est inférieur à 30%. Et à peine 9% des Belges ont fait don d’une partie de leur patrimoine.

"Le régime légal satisfait largement aux attentes de très nombreuses personnes", indique Bart Van Opstal, notaire. "Prenez un ménage classique avec deux enfants, où les parents désirent partager leur patrimoine à parts égales entre ces derniers.
Ils ne doivent pas établir de testament. Ceci étant, on ne peut éluder la complexité croissante des situations familiales. Pensez aux familles recomposées avec des enfants provenant de différentes relations. Dans ce cas, le régime légal ne répond généralement pas aux souhaits des personnes. Le testament peut alors leur apporter une solution."
À peine 14% des Belges s’attendent à disposer de ressources suffisantes pour vivre confortablement après leur départ à la retraite.
70% des Belges sont incapables de livrer une estimation même vague du montant de leur future pension légale. Sans doute cette ignorance est-elle l’un des principaux facteurs d’incertitude concernant nos pensions.
Heureusement, la situation financière des pensionnés est relativement favorable dans la pratique. Un tiers d’entre eux affirment disposer de ressources suffisantes pour vivre confortablement. Ce qui n’empêche pas 52% des Belges de connaître une situation financière difficile après leur départ à la retraite.
Pour nombre de nos compatriotes, il reste difficile de mettre de l’argent de côté. La moitié d’entre eux ne disposent pas d’une réserve d’épargne leur permettant de conserver leur train de vie pendant six mois – ce qui représente pourtant un matelas financier sain.
Peur d’investir
Les Belges sont très attachés à leur compte à vue et à leur compte d’épargne. C’est là qu’ils placent la majeure partie de leur patrimoine financier.
Le montant du patrimoine financier sur un compte à vue ou un compte d'épargne
Le Belge moyen n’aime pas investir
Malgré le rendement potentiel plus élevé de certains instruments, le Belge moyen se montre très réticent à l’idée d’investir. Nos compatriotes investissent davantage en actions, fonds de placement, obligations et autres produits financiers avec l’âge.
"Trop peu d’épargnants sont conscients des risques liés au fait de placer beaucoup d’argent sur un compte épargne."
Tout particulièrement dans un contexte de taux faibles, il est difficile de faire fructifier son patrimoine avec un compte d’épargne, ce qui reste néanmoins nécessaire pour constituer une réserve financière suffisante en vue du départ à la retraite. Chaque épargnant est confronté au même choix pour atteindre son objectif: mettre davantage d’argent de côté pour compenser le manque de rendement, ou épargner moins mais prendre un peu plus de risques afin d’obtenir un rendement plus élevé.
Il existe plusieurs explications à la prudence qu’affiche le Belge moyen dans sa stratégie d’épargne et d’investissement. Environ 45% de nos concitoyens ont trop peu d’économies pour investir. Avec 24%, le manque de connaissance des produits d’investissements est la deuxième raison de ne pas investir. Et pour 12% des Belges, c’est le manque de confiance dans l’avenir qui constitue la principale motivation.

Autre confession étonnante des investisseurs belges: à peine 10% d’entre eux se disent satisfaits du rendement de leurs investissements. Naturellement, le concept de "rendement satisfaisant" est subjectif. "Peut-être ce pourcentage réduit est-il surtout révélateur des attentes irréalistes que nourrissent les investisseurs", analyse Koen Inghelbrecht, professeur de finance à l’Université de Gand. "Les Belges se laissent abuser par les rendements vertigineux d’une poignée d’actions vedettes. Or, ceux-ci ne sont pas représentatifs du long terme. À plus longue échéance, l’investisseur peut déjà être satisfait si un fonds de placement génère un rendement annuel moyen de 5 à 7%."
"La crise financière de 2008 et ses conséquences sont encore fraîches dans la mémoire de nombreux Belges", avance Koen Inghelbrecht, professeur de finance à l’Université de Gand. "C’est pourquoi ils surestiment souvent le risque d’une nouvelle crise de cette ampleur à court terme. Il ne fait aucun doute que nous connaîtrons encore des crises, mais une crise d’un impact aussi profond que celle de 2008 ne survient en principe que tous les 30 ou 40 ans."
"Les investisseurs se laissent souvent abuser par les rendements vertigineux d’une poignée d’actions vedettes."
Recherche connaissances financières
Les connaissances financières sont insuffisantes dans notre pays. BinckBank a soumis 10 affirmations aux participants de l’enquête, en leur demandant d’indiquer si elles étaient vraies ou fausses. Conclusion?
46% des personnes interrogées ont échoué au test. Seules 40% d’entre elles ont obtenu un résultat acceptable, et à peine 14% des participants ont répondu correctement à au moins huit questions.
Les connaissances financières des Belges présentent encore de vastes lacunes. Les scores moyens sont faibles, surtout pour ce qui concerne le rôle de l’inflation, l’utilité du testament et les droits d’enregistrement pour les habitations.
En outre, le Belge moyen connaît mal la loi sur les successions et les donations, qui a changé le 1er septembre. Si la majorité des Belges ont déjà entendu parler de la réforme, ils sont 85% à ne pas en connaître les tenants et aboutissants.
"La réforme du droit successoral et la finance en général sont encore trop mal connues des Belges."
"Pour les citoyens, il n’est pas simple de suivre le détail de chaque nouvelle loi", prévient Bart Van Opstal, notaire. "Plusieurs dispositions importantes du droit successoral ont été modifiées le 1er septembre. Nous ne pouvons attendre de chacun qu’il soit parfaitement informé de la réforme des règles en matière d’héritage. Certaines modifications sont assez aisées à expliquer, telle l’augmentation de la part librement disponible dans les successions. En revanche, de nombreuses dispositions techniques exigent quelques mots d’explication de la part d’un expert."
Peur d’une nouvelle crise, besoin de beaucoup d’argent pour investir en bourse, peu ou pas d’expertise,… investir n’est pas vraiment l’élève le plus populaire de la classe financière.
Impossible d’aimer ce qu’on ne connaît pas. Notre but est donc de mettre fin aux idées préconçues et de décortiquer avec vous ce que signifie exactement investir à vos yeux.
Enquête en ligne réalisée par le bureau de recherche Indiville à la demande de BinckBank en juillet 2018 auprès de 1.258 Belges représentatifs de la population belge.